CHAPITRE 4 LE CONCERT

Les choses n’ont pas été faites à moitié, depuis près de six mois, un concours de tags a été lancé pour créer la scénographie. C’est original et bien équilibré. Le technicien chargé de la conception des éclairages a travaillé avec les peintres et le résultat écarquillera sans aucun doute les yeux des spectateurs. Il suffit d’un peu de lumière blanche pour obtenir une somptueuse atmosphère, mais la réalisation ne s’est pas contentée de si peu. Du matériel dernier cri en quantité raisonnable certes, mais assez pour surprendre le public, sublimera ce concert de qualité. Le nom du spectacle et les décors sont inspirés du thème : quand le trash devient beau. Le manager, radicalement opposé à ce choix, s’est laissé convaincre lorsque les techniciens lui ont fait remarquer que les plus jolies fleurs poussaient souvent dans les excréments…

 

Une fois installé dans les loges glauques, repeintes deux fois en trente ans, Ilian redescend par l’escalier tournant dans le sens des aiguilles d'une montre et va s’assoir au fond de la salle pour tenter d’apprivoiser l’animal qui est en train de ronger ses entrailles. Il a la trouille ! Pensant à respirer profondément et essayant de faire le vide dans sa tête, le jeune scarabée parvient presque à se calmer. Tant que ses yeux de yogi restent fermés, son esprit réussit à trouver la paix. Mais l’envie de les ouvrir pour regarder cette superbe scène l’emporte. Une avalanche de souvenirs de concerts plus beaux les uns que les autres, avec des artistes de talent, viennent hanter son imagination. Sera-t-il à la hauteur du meilleur qu’il ait vu dans cette salle ? Torturé par ses pensées, dans un élan de lucidité, le musicien se dit qu’il vaut mieux jouer de la basse puisqu’il n’arrive pas à méditer correctement. 

CHAPITRE 11 MARICA

Ilian téléphone à sa mère pour s’excuser de ne pas avoir pu libérer un moment pour elle. Mona, un peu déçue, joue la maman compréhensive, disant que ce n’est pas grave, mais qu'ils devront se voir une autre fois parce que Javier doit rentrer demain. Ilian demande s’il peut se joindre à eux, parce qu'il doit se rendre à Cadaquès. Sa mère, très agréablement surprise, propose à son fils de partir en fin d’après-midi, pour qu’il s’octroie un peu de temps pour travailler. Le voyage passe trop vite. Ilian invite sa maman et Javier à manger dans un restaurant situé tout en haut du cap de Creus. La vue est sensationnelle ! De gros nuages viennent toucher l’eau et donnent un support magnifique au soleil couchant. Une palette de couleur tenue par la main d’un peintre de génie s’étale sur la mer, caressant le ciel et tranchant avec le brun des falaises abruptes. Le panorama, fascinant, semble presque surréaliste. L’énergie qui émane de ce lieu à cet instant ne peut se nommer. Magique, divin, mystique, cosmique ou alchimique ne sont pas appropriés pour traduire ce moment. Plus personne ne parle, quand la serveuse interrompt le silence pour prendre la commande. La nuit commence à tomber et les ampoules de la guirlande au-dessus de la guinguette éclairent la terrasse. S’allumant trop tôt, comme pour effacer ce panorama, et laisser tranquillement place à la pénombre. Seuls les feux des barques de pêche scintillent sur l’eau noire d’une mer d’encre. 

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